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Se diversifier pour mieux valoriser ses productions végétales

Francis Pestre a fait évoluer son exploitation pour la transmettre à ses enfants dont Lucie, tout juste installée et principalement en charge de l’atelier de transformation.

Augmentation du nombre de cultures, plantation d’arbres, agrivoltaïsme, transformation des grains… Les projets pullulent chez le Marnais Francis Pestre.

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À la Chaussée-sur-Marne (Marne), Francis Pestre a multiplié il y a environ cinq ans les projets de diversification sur son exploitation de 240 hectares. C’est avec sa réflexion sur la transmission de l’exploitation à ses enfants que l’idée a fait son chemin.

« J’avais auparavant une ETA (1) et une entreprise de travaux forestiers. Mes enfants m’ont dit : « Si tu veux qu’on reprenne, il faut en finir avec tout ce matériel. » Ça a été le déclic. J’ai stoppé l’ETA et une partie des travaux forestiers pour me concentrer sur le végétal et la production d’énergie, et travailler sur des projets qui leur plaisent », retrace-t-il. Autre motivation, mieux maîtriser la valeur ajoutée dégagée par ses productions. Ainsi, de nouvelles cultures sont arrivées pour diversifier encore davantage l’assolement, alors déjà varié.

 

 

 

Francis Pestre a également planté des noyers, des paulownias pour exploiter leur bois et des chênes truffiers, avec pour ces derniers la volonté d’exploiter des zones en bordure de village, moins adaptées aux grandes cultures du fait des ZNT (2).

Production d’huiles

Autre projet qui a vu le jour en 2023, l’installation d’une unité de trituration pour produire des huiles et les commercialiser en circuit court. Cet atelier met à profit les compétences en communication de sa fille aînée, fraîchement installée. « L’idée n’est pas de produire des quantités astronomiques, mais plutôt de proposer une large palette de produits qui pourra évoluer avec l’assolement : colza, tournesol, lin, noyers, etc. », énumère-t-il.

C’est d’ailleurs ce projet qui lui a permis de réintroduire le colza sur l’exploitation, qu’il ne semait plus depuis 2016 par manque de rendements. « Transformer une partie de sa récolte, c’est mieux maîtriser et sécuriser son prix de vente, peu soumis aux fluctuations des marchés mondiaux contrairement à la vente en grains, estime l’agriculteur. Plus important, il permet aussi de compenser d’éventuels rendements faibles. »

« Nous avons fait des analyses de nos premiers tourteaux. La teneur en azote semble bonne. Nous réfléchissons à les valoriser comme engrais », poursuit l’agriculteur. Une stratégie en accord avec sa quête d’autonomie sur son poste de fertilisation.

Dans sa logique de diversification, Francis Pestre plantera, sur la deuxième partie de 2024, 18 kilomètres d’arbres dans ses parcelles. Un écartement de 60 mètres est prévu entre les linéaires pour le passage du matériel. Les essences et leur emplacement ont été choisis avec l’appui de conseillers. Le projet, dont le coût total s’élève à 100 000 €, sera financé par des subventions.

 

Originaire d'Asie, le paulownia peut absorber en moyenne 40 tonnes de CO2/ha/an et peut assurer une source intéressante de revenu, selon Francis Pestre. (©  Raphaëlle Borget/GFA)

 

« Il y a toutefois de lourdes sommes à avancer, rappelle Francis Pestre. Et de manière générale sur ces projets, le retour sur investissement est assez long. » L’agriculteur a suivi de nombreuses formations (taille des arbres, techniques culturales, etc.) : « C’est aussi un investissement », fait-il remarquer.

Enfin à l'horizon de 2027, des panneaux photovoltaïques côtoieront des framboisiers sur 25 ha. Les eaux de pluie tombées sur les panneaux seront récoltées pour l’irrigation des framboises. Pour éviter de lourds besoins en main-d’œuvre pour une récolte manuelle, les fruits seront récoltés mécaniquement puis transformés par une entreprise avec qui a été monté le projet.

Semis direct

La diversité de ses productions permet à Francis Pestre de mieux répartir sa charge de travail sur l’année. Il n’en reste pas moins que le lancement de ces différentes activités est chronophage. Du temps, Francis Pestre s’en est libéré par l’arrêt de ses activités de prestation, mais aussi par la réduction progressive du travail du sol. Celle-ci a commencé en 1995 avec l’arrêt du labour, jusqu’à parvenir au semis direct sous couvert prévu pour la première fois à l’automne 2024.

(1) Entreprise de travaux agricoles. (2) Zone de non-traitement.

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